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D'la couleur dans la grisaille de la vie.

Mardi 6 novembre 2012 à 11:10

Ca y’est, je me lance. Je reprends tout doucement le pianotage de mon ordinateur pour t’écrire. Je vois l’ironie de la chose, c’est toujours à toi que je me suis adressée dans mes lettres, toujours à toi que je disais mes maux et toujours toi qui a su les calmer. Et nous voilà ici, au point de départ, avec personne qui ne pourra calmer ses larmes qui coulent déjà trop surement sur mes joues.

J’ai perdu une sœur aujourd’hui Claire. Je l’ai perdu, car c’est bel et bien ce que tu étais pour moi. Tu étais de la famille, et tu sais à quel point je tiens à ma famille. Personne ne m’a brisé, ou ne me brisera autant le cœur que toi. Je me suis donnée entièrement à toi, sans retenu. J’ai appris à retenir ce caractère de cochon, j’ai appris à me retenir de te faire mal pour ne pas nous détruire, pour ne pas détruire ce que nous battissions au fur et à mesure. Et regarde à quoi cela sert.

Je te l’ai dit, je m’en veux, énormément. Je m’en veux de ne pas avoir été plus présente que cela pour toi. Il n’y a rien de nouveau là-dedans. Mais une partie de moi t’en veut aussi, beaucoup, plus que ça. Je t’en veux de ce que tu me fais aujourd’hui. Je t’en veux d’avoir oublié en chemin que moi non plus je n’allais pas bien. Je sais que je n’en ai jamais réellement parlé, que dire ? Je ne pouvais ni ne saurais t’expliquer ce qui s’est réellement passé en moi durant ces mois. Je crois que j’ai oublié de rêver, j’ai oublié de me projeter et d’imaginer un avenir, je me suis fermée complétement, hermétiquement aux autres. A Yannick, à ma famille, à mes amis, à toi. Les faits étaient pourtant là : je ne pouvais pas sortir de chez moi, cela m’en rendait malade (pourquoi crois-tu que je ne suis pas venue te voir en Italie, pourquoi crois-tu que je ne t’ai pas fait sortir pendant le divorce de tes parents, pourquoi crois-tu que je ne suis pas venue à ton anniversaire ?) Je n’allais plus en cours, je ne voyais plus personne, je ne mangeais plus, chaque bouchée me donnait envie de vomir, j’en ai perdu 10kg. J’ai pleuré au début, beaucoup, pour rien et puis j’ai perdu gout en tout, même en mes larmes. J’avais perdu gout en la vie, en la joie, je ne comprenais plus le but de tout cela, à quoi cela rimait. Et je ne t’en ai pas voulu de ne pas être là, sans doute parce que tu ne pouvais pas être là toi-même. Comment te faire comprendre quand même je ne comprenais pas.

Je crois que tu avais laissé tomber depuis longtemps, depuis le début. J’ai essayé de revenir, j’ai essayé. Tu m’as toi-même dit que tu avais des choses à penser, toujours ton concours, le divorce de tes parents. Et qui aurait pu te le reprocher ? Certainement pas moi. J’ai essayé de te parler mais tu m’as sorti que tu savais que « l’amitié n’a pas besoin de nouvelles en abondance pour exister », que tu avais appris à « faire confiance ». Vraiment ? Tu m’as toujours fait sentir ces derniers moi que tu en avais clairement rien à faire si j’étais là ou si je n’étais pas là, crois-moi tu as su être très clair, implicitement. Et pourtant, je n’ai rien lâché, je digérais ma claque et repartais de plus bel. Parce que, sincèrement, je croyais que notre amitié était plus forte que ça. J’ai cru que tu pouvais me faire les plus belles crasses, me faire mal toujours plus fort, peu importe. Je savais que tout cela ne changerait rien, que je serais là pour toi, toujours derrière toi. Car n’est-ce pas là la notion de meilleure amie ?

Où as-tu mis ta notion d’amitié ? Où as-tu mis notre notion d’amitié ? Tu savais très bien que si tu avais un souci, peu importe dans quelle situation je me trouve, j’irais vers toi. Ne te l’ai-je pas prouvé assez de fois ? Rien n’a changé. De mon côté.

Et ne me dis pas que nous sommes de deux mondes différents, ne me dis pas que c’est la vie. Rien de tout cela n’est vrai. Nous sommes différentes depuis bien longtemps, depuis le début je dirais même. Jamais cela ne nous a empêché de nous bâtir, de nous construire ensemble et de nous épauler, de croire en nous. J’ai envie de te dire : je mettais des baggy, je parlais et marchais comme un garçon tandis que tu mettais des talons et que tu prenais soin de toi. Et le temps n’a rien changé, tu préférais les sorties en boîte, je préférais me poser dans un bar pour papoter, aller faire un bowling. En fait, tout autre chose que cela. Et pourtant, nous avons été meilleures amies pendant six ans. Ce n’est pas la vie qui évolue. Ce n’est que toi qui as laissé tomber en chemin.

Je n’aurais jamais sans doute le cran de te donner cette lettre, de te la faire lire. A quoi cela servirait-il réellement de toute manière ? On m’a dit tellement choses cette dernière semaine sur nous, « si elle n’a pas été là pour toi non plus, alors vous êtes quittes » ; « ma meilleure amie et moi aussi n’avons pas toujours été là l’une pour l’autre, et certes on s’en est voulu. On s’engueulait une bonne fois, s’en mettait plein la gueule, et ça repartait. Parce qu’une meilleure amie, c’est là aussi pour ça ». Et tellement d’autre moins belles, tellement de choses que les gens me cachaient, de ce qu’ils pensent de toi.

J’en ai écrit beaucoup, et tellement pas assez à la fois. Je sais que je n’ai pas tout dit, que j’en ai oublié en route. Mais je vais probablement m’arrêter là pour le moment.

On m'a dit « ne pleure pas pour quelqu'un qui ne pleurera pas pour toi », mais putain Claire, tu m’as brisé le cœur. 

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Par Plume le Mardi 20 novembre 2012 à 14:10
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